icone Reproduction

Vous voulez des petits de votre animal favori. Mais voilà, pensez bien aux multiples conséquences... à qui les donner, les différentes contraintes, les problèmes éventuels pouvant survenir (la nature n’est pas toujours si bien faite)... Voici déjà une petite idée du pourquoi et du comment. Dans ce chapitre, nous ne détaillerons que la reproduction chez la gerbille commune, Meriones unguiculatus ou mérione de Mongolie.

icone Maturité sexuelle, mise à la reproduction

L’âge de la maturité sexuelle diffère sensiblement entre le mâle et la femelle. Le mâle est à peine plus précoce.

Mâle : 10 à 12 semaines (65-84 j)
Femelle : 11 à 14 semaines (86-109 j)

Chez la femelle, on peut constater l’ouverture du vagin vers 50 jours. C’est pourquoi on a pu observer un minimum de fertilité à 47 jours. Mais cela reste exceptionnel. Elle cesse de se reproduire vers l’âge de 15 mois (max. 22). Durant toute sa vie de mère, elle va faire une 10aine de portées. Chez le mâle, la descente testiculaire se fait à 1 mois. Il n’est plus fécond (arrêt de la spermatogenèse) vers 22 mois.

La gerbille sauvage est un espèce monogame. Le couple est unique et se forme jusqu’à la mort. Une femelle n’acceptera pas un autre mâle si elle a déjà eu des petits... Le mâle en captivité semble un peu plus libertin et accepte parfois d’avoir plusieurs femelles dans sa vie. Lorsque vous décidez de former un couple, il faut le faire avec des jeunes de moins de 10 semaines. Éventuellement, vous pouvez vous permettre d’avoir un mâle un peu plus vieux mais, la femelle doit rester plus jeune et en deçà de ces 10 semaines.

icone Dans une colonie, seul le couple dominant va se reproduire, au détriment des jeunes. L’inceste existe cependant mais reste limité si on ne sépare pas les enfants des parents.

En général, le couple dominant se formera au sein des individus les plus foncés (noirs, ardoises, burmèses).

Même si elle n’est pas très éthique, la consanguinité n’est pas trop gênante et vous pouvez former une nouvelle colonie avec un couple composé d’un frère et d’une sœur, surtout si vous souhaitez fixer une couleur ou améliorer un type. Il ne faudra cependant pas le refaire à la génération suivante.


icone Cycle sexuel

C’est la vie de l’ovule (cellule reproductrice femelle) qui gère ce que nous appelons le cycle ovarien : il naît, grandit, mûrit, quitte l’ovaire pour aller vers l’utérus puis meurt ou est fécondé. Parallèlement, la femelle ne s’intéresse pas au mâle (anœstrus). Par la suite, elle l’attire mais refuse encore l’accouplement (pro œstrus). Puis finalement, elle accepte la saillie au moment où l’ovule est bien mûr (œstrus) et où il y a donc l’ovulation.

La durée du cycle ovarien est en moyenne de 4 à 6 jours. Les chaleurs (œstrus) durent de 16 heures. Il n’y a pas de moyen simple actuellement pour déterminer le moment précis de l’ovulation. Celle-ci reste spontanée et ne dépend pas de la saillie.

On a pour habitude de différencier ces chaleurs en trois catégories :

→ chaleurs cycliques : tous les 4 à 6 jours
→ chaleurs post-partum : chaleurs apparaissant systématiquement après chaque mise bas, fertiles dans 80% des cas
→ chaleurs post-sevrage : chaleurs apparaissant au moment du sevrage naturel des petits, vers 3 semaines

Il n’y a pas de saison particulière, elle peut se reproduire toute l’année.

icone Saillie

Le moment

Une femelle en chaleurs sera très active. Si elle se trouve avec d’autres, elle aura tendance à les chevaucher. Elle sera particulièrement excitée en fin de journée. Le mâle entamera une parade composée essentiellement de courses poursuites et de signaux podophones (il se tient assis et frappe le sol avec ses postérieurs). La glande de marquage ventrale augmente de volume. Il l’utilise plus fréquemment que d’habitude pour bien signaler sa position de dominant au sein du groupe.

icone Contrairement à la chienne par exemple, la femelle gerbille ne fait à aucun moment de goutte de sang. Si tel est le cas, il faut rapidement l’amener chez un vétérinaire.

Le déroulement

Le mâle teste rapidement la femelle et cherche à la monter. Il serre ses flancs avec les pattes avant. La saillie en elle-même est très courte et surtout elle est répétée à plusieurs reprises (très nombreuses !). Comme chez le chinchilla, la femelle évacue un bouchon vaginal ou stopper mais on ne le retrouve pas. Il est fait de sécrétions issues des glandes du mâle (prostate, vésicule...) venant après l’éjaculation, qui ferme le vagin de la femelle afin de favoriser la progression des spermatozoïdes.

Le problème

Il y a rarement de problèmes à partir d’un couple solidement formé. Dans une colonie, il peut y avoir des tentatives de la part des autres membres pour renverser le couple dominant. Toute perte vaginal avant la mise bas doit être considérée comme anormale.

icone Gestation

Le déroulement

La gestation dure 23 à 26 jours. Il est difficile de faire le diagnostic. La femelle commence à grossir à partir de la deuxième semaine pour atteindre +10 à +30 g au terme. Le développement des mamelles peut alors devenir visible. Il n’y a pas de changement du comportement social durant cette période.

icone Il existe un phénomène particulier de retard à l’implantation des embryons pouvant rallonger la durée de la gestation au-delà de 27 jours.

En effet, lors de la phase d’œstrus post-partum, la femelle se retrouve fécondée dans 80% des cas. Il serait cependant délicat pour elle d’allaiter une portée et d’en préparer une nouvelle !

Les œufs fécondés sont ainsi mis en “stand-by” jusqu’à ce que l’organisme de la femelle estime qu’il est en mesure de mener à bien ces nouveaux petits. Si la femelle allaite plus de 2 petits, on estime que la durée de gestation est rallongée de +2 j pour chaque petit allaité supplémentaire, avec un maximum de 48 jours.

Les préparatifs

Vers la fin de la gestation, un nid est construit avec différents accessoires comme du foin ou un peu de coton prévu à cet effet, aussi bien par le mâle que par la femelle. Si vous proposez à l’occasion un bain de sable pour le nettoyage de la fourrure, mieux vaut l’éviter pendant cette période délicate. Pour prévenir la saillie post-partum, vous pouvez les séparer quelques jours mais, mieux vaut qu’ils gardent un contact olfactif et visuel à travers une grille par exemple pour ne pas défaire définitivement les liens du couple.

Les problèmes

La femelle peut avorter en cours de gestation pour plusieurs raisons :

→ stress, bruits, changements brutaux d’environnement,
→ mauvais état général pendant la saillie, femelle trop fatiguée, alimentation de mauvaise qualité et carencée (essentiellement protéines dont les besoins sont accrus pendant cette période),
→ infection latente de l’utérus. L’avortement est souvent précoce et donc rarement détecté par le propriétaire.

icone Mise bas

Le déroulement

Peu de signes vous permettront de guetter cette naissance. La femelle reste le plus souvent dans son nid. La mise bas se déroule la nuit et 1 heure suffit à mettre tout le monde dehors ! Les petits sont nidicoles. Ils naissent nus, aveugles et sourds, totalement dépendants de leur mère. La taille de la portée varie de 1 à 12 petits avec une moyenne entre 3 et 8. Ils pèsent entre 2 et 3g chaque.

icone En cas de naissance de mort-nés, la femelle se charge de faire le ménage en les mangeant. Il ne s’agit pas de cannibalisme à proprement parlé puisque ce n’est pas elle qui les tue. Mieux vaut ne pas la déranger pour que le reste de la mise bas se déroule normalement. C’est un comportement normal même s’il n’est pas réjouissant.


icone Allaitement

Le déroulement

L’allaitement pose rarement de problèmes dans cette espèce sur des portées de taille moyenne. La période critique pour les petits se situe au démarrage, entre 1 et 5 jours.

Les petits ouvrent les yeux vers 16 jours. C’est à partir de ce moment qu’ils vont commencer à grignoter un peu solide. Leur développement reste moins rapide que celui d’une souris ou d’un rat. Le sevrage naturel se situe vers 21 jours. Il est préférable de laisser les petits jusqu’à l’âge de 5 à 6 semaines pour leurs permettre d’acquérir les comportements sociaux. Quel que soit l’âge choisi, il faut former de nouvelles colonies car les très jeunes animaux peuvent périr d’isolement et de refroidissement.

Les anomalies

Les portées de petite taille pose problème. Avec 1 ou 2 petits, la mère est peu stimulée et elle produit très peu de lait. Les petits meurent souvent de faim et d’hypothermie. Il n’y a pas de cannibalisme chez les gerbilles à l’état sauvage. La perturbation environnementale liée au milieu clos et à la cage peut suffisamment les gêner et entraîner du cannibalisme en captivité. Cela reste fort heureusement rare.

Si toutes les conditions sont rassemblées (portée moyenne, environnement stable) et que malgré cela, la femelle abandonne sa portée, il s’agit d’un problème de santé. Vérifiez à ce moment-là qu’elle mange, boit et surtout qu’elle n’a pas de pertes anormales au niveau de la vulve. En cas de doute, amenez là rapidement chez un vétérinaire.

L’allaitement artificiel

En l’absence de la mère, il est théoriquement possible d’allaiter les petits soi-même. À l’heure actuelle, rien ne vaut mieux que le lait maternisé pour chiots ou chatons. En effet, celui-ci est le plus proche de celui de la gerbille (celui de vache est beaucoup trop faible en protéines et matière grasse). Il sera distribué toutes les 4 heures à l’aide d’une seringue.

On peut également rajouter à cela de temps en temps une flore digestive artificielle (à se procurer chez votre vétérinaire) et des vitamines. Parallèlement, il faudra, à l’aide d’un petit chiffon humide, nettoyer les fesses et masser le ventre afin de stimuler le besoin de faire pipi et les crottes, au moins la première semaine.

Il faut cependant avoir à l’esprit que c’est encore plus difficile d’avoir des résultats avec des petits hamsters qu’avec des lapereaux. La taille de l’animal rend l’opération délicate et les fausses déglutitions sont fréquentes.

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